L’aventure « virale » des accompagnements périnataux : après la PMA, les césariennes…

« Par les temps qui courent », nous savons la société humaine suspendue dans son habituelle très grande activité. Pour autant le monde et la planète ne se sont pas arrêtés entretemps, et ce fabuleux printemps florissant nous l’a largement rappelé. Ce qui fut fort enthousiasmant et enseignant, quant à ce que nous avons à faire humainement et globalement à l’avenir (si bien sûr d’aventure, nous gardons notre bon sens… terrien et biologique).

Par ailleurs, cela s’est couplé avec bien des situations douloureuses, et très pragmatiquement humaines et sociales, dans bien des registres. Elles seraient longues à lister, analyser, décrypter, mais non moins impérieuses dans leur besoin d’aide, de soutien et d’accompagnement.

Si je me centre plus particulièrement sur le domaine qui me passionne, la périnatalité, c’est qu’il y a aussi beaucoup d’enseignements à retirer à son endroit, en cette période de crise. Des enseignements reliés aux enjeux colossaux du « bien naître » (période si charnière de l’attachement et si demandeuse de sécurité physique et émotionnelle pour le couple au moment où la biologie lui passe le relais).

Des enjeux psychiques, émotionnels, existentiels, plus transparents que d’autres, car relevant de la vie intérieure et donc passant plus inaperçus car moins criants, et pourtant…

Je m’attarderai ainsi aujourd’hui sur les impacts difficiles et sensibles que les conduites sanitaires auront eu jusque-là sur les êtres concernés par le parcours vers l’enfant (quel qu’en soit le stade : à l’état de projet, ou bien avancé, ou suspendu à un traitement lui aussi suspendu, ou encore avec un bébé en route pour la terre).

Parmi ces impacts et entre autres :

  • des suivis médicaux réduits à leur strict minimum quant à la gynécologie, avec tous les aléas qui vont avec, et les craintes après-coup de ce qui n’aura pu être soutenu, diagnostiqué, traité. Des rendez-vous solos,
  • des suivis médicaux limités aux rendez-vous essentiels ponctuant les grossesses en cours et sans accompagnant (je pense là à l’un de mes patients qui craquait cette semaine, car après avoir perdu un bébé à terme il y a peu, sa femme était de nouveau enceinte, n’avait pas pu avoir de suivi appuyé en raison du Covid, et il venait d’apprendre qu’il ne serait pas autorisé à l’accompagner pour la 1ère échographie, redoutant un problème et qu’elle soit seule si jamais),
  • des suivis de PMA arrêtés et donc décalés (je l’avais déjà évoqué),
  • mais aussi des accompagnements familiaux très limités en pos-natal : avec des pères tolérés en salle de naissance mais ne pouvant pas venir en visite à  la maternité, et seulement rechercher femme et bébé lors de leur sortie,
  • et dans la même logique précautionneuse et sanitaire, des hommes encore moins acceptés au bloc chirurgical pour d’éventuelles césariennes en urgence ou programmées, avec ce que cela laissera de traces dans les mémoires de chacun (père, mère, bébé) et de trous douloureux à l’endroit d’un moment si précieux tellement rêvé, investi et pourtant envolé, voire vécu comme dérobé.
    Aussi en cette période de déconfinement progressif en tous points, pour le réseau périnatal y compris, j’avais envie de partager avec vous l’aventure d’Emilie Di Vicenzo. C’est une maman ayant vécu une césarienne en urgence il y a quelques années, journaliste de surcroît, et ayant à cœur depuis, de partager autour de cette expérience difficile. Celle-ci l’a d’ailleurs poussé à écrire un livre « un sourire au bas du ventre », auquel elle m’avait invité à participer à l’époque. La semaine passée, son site a vu le jour et j’avais envie de vous en « faire-part ».

Nathalie Lancelin-Huin