La sexualité

La sexualité

La sexualité, ça commence où ?

J’avais envie de partager avec vous la musique des mots pour, avec pudeur, audace et enthousiasme, vous parler d’elle : la sexualité.
La sexualité ? Que de l’intimité… Intimité des corps, des cœurs, de l’âme, intimité avec la vie, peut-être même avec les étoiles.
Mais avant cela, à bien y regarder : la sexualité, ça commence où ?

Si l’on regarde depuis le dehors,

il y a des circonstances. Les éléments du joli caillou, qu’est la terre.
La lumière du soleil qui éclaire un joli paysage et nous émeut, un feu qui crépite dans une cheminée et participe au réconfort, l’odeur de l’humus dans un sous-bois qui ramène au profond ou celle de l’herbe coupée qui réveille au printemps.

Le bruit pianotant de la pluie qui tombe ou le chant de l’eau d’une rivière qui s’écoule et nous alanguit. Du vent dans les cheveux qui fait frissonner la colonne et nous remet à la verticale d’un horizon tout au loin, très très loin. Une nature en écho à la nôtre.

Tout le vivant du dehors, réveillant le vivant au-dedans, comme une petite musique qui alors nous parcourt, juste là sous la peau, et se rappelle à nous.

Si l’on regarde à l’instant : le dehors est déjà au-dedans.

Bruissement du corps, murmures des fascias, mise en mouvement, des sensations, une sensorialité, de la sensualité, sexualité.

C’est déjà tout cela avant que la grande danse ne commence. Toute une continuité. Tout un au-dedans, avec déjà des expressions au-dehors. Un émoi jusqu’à celui qu’on nomme, le sexe ; qu’il soit féminin ou masculin.

Mais justement une sexualité qui ne se vit pas qu’avec le sexe, mais dans un corps, via tous les pores. Dans chacune de nos cellules, auxquelles elle offre une respiration, elle-même générant une vibration qui parcourt l’être. Une sexualité en expansion, la mise en branle d’un sens entrainant les autres dans une grande spirale. Vortex des sens.

Sexualité-plaisir que nous allons dissocier un instant de la sexualité-procréation, pour mieux les réunir ensuite.

La vie a en effet prévu que ce soit ainsi qu’on fasse des bébés. Dans le partage des corps, dans la chaleur des êtres et l’attraction des peaux. S’approcher au plus près. S’approcher pour mieux pérenniser la vie. Longtemps nous n’avions pas cette conscience, attribuant cette procréation au monde divin. De nos jours nous avons à mesurer cette responsabilité et la densité de cette fonction sexuelle. Une fonction vitale en somme.

Procréer dans le plaisir. Une sexualité-plaisir que la contraception a mise en lumière, permettant de garder cette possibilité de partager cette vibration singulière, sans le risque d’une grossesse.
Une sexualité-plaisir qui est une fonction à part entière, aussi vitale que les autres finalement mais singulière en ce sens qu’on peut s’en passer. Quel dommage, elle a la particularité de nous faire nous sentir vivants et vibrants, et ce faisant elle irradie les autres fonctions du corps, participant à mettre alors en équilibre cet organisme, cette grande cellule qu’est notre corps. Un grand organe des sens à lui seul, à cette occasion. Réjouissance de la matière.

Sexualité plaisir qui se partage, parce qu’avec un autre c’est tout de même mieux, les plaisirs donnés à chacun, à soi et à l’autre, faisant le lit d’un plaisir expansé. Plus que seul. Volupté de la surprise d’un autre qui nous entraine dans un ailleurs. Ensemble. Alchimie.

Avec le sexe aussi, la complémentarité et les différences se mutualisant, le dedans avec le dehors, sans plus de vide et dans la plus grande densité. Soi et l’autre s’effaçant au bénéfice d’une unité, vibrant à l’unisson du grand univers, le rejoignant parfois jusqu’aux étoiles. Oui aux étoiles. Est-ce cela qu’on appelle jouissance de l’être ?

Tels le yin et le yang, la mise en mouvement des sens en spirale, mêlant les teintes jusqu’à perdre sa propre couleur et produisant la plus jolie des énergies. Plus de dedans, plus de dehors, plus de soi ni de l’autre, magie des peaux qui se fondent jusqu’à ne faire plus qu’un, jusqu’à perdre l’heure qu’il est, là où nous sommes et même un instant l’identité de soi et celle de l’autre. Un petit bout d’éternité qui revient bientôt aux temps des horloges ici-bas.

Une sexualité, mal nommée, qui manifeste simplement que nous existons, que la vie humaine terrestre se vit dans un corps, caisse de résonance à ce que nous éprouvons au-dedans et ressentons du dehors. On vit la vie par tous nos pores, via le bouquet de nos sens et plus que jamais dans ce que nous appelons sexualité.

Alors ça commence où tout cela, où met-on le début ? Mais ça finit où aussi ?

Sexualité, plaisir des sens, sensorialité, murmures et bruissements.

Une sexualité à rebours alors que nous avançons en âge et en conscience, alors que le corps décélère, que la vie physique rétrécit son champ d’action, la vie intérieure ayant pris le relais et s’expansant pendant ce temps. Il est joli d’ailleurs de voir qu’à mesure nous retrouvons une grande sensibilité, une porosité à la nature, une perméabilité aux autres que nous regardons mieux vivre. Le souffle du vent dans une fine mèche de cheveux procurant la plus folle des sensations. Sans plus courir, sans plus agir. En capacité d’être une harpe.

Entre le commencement de cette vie sans fin qui avance sans discontinuer depuis des milliards d’années, à travers nous, avec ou sans nous, et ce qu’on appelle la fin, le bout de l’existence, il y aura eu le corps, la seule mesure et le seul en mesure de faire résonner la vie en nous.

Pourtant on ne nous apprend pas le corps, pas plus que ses passages, que son évolution et ses involutions. On ne nous parle pas davantage de là d’où il a pris forme et vie, In Utero. Dans un monde hautement sensoriel et totalement autre.

On ne nous dit pas plus, qu’il est câblé pour tout y sentir au départ, et à l’arrivée en ce bas-monde pour être un brin plus bridé, plus vite saturé, donc mieux adapté pour la collectivité humaine et ses résonances. Car pour le meilleur, tout sentir c’est tout s’émerveiller. Pour le pire, tout sentir c’est tout souffrir. Ainsi moins sentir, pour mieux vivre dans ce monde-là.

De corps on ne changera pas, contrairement à bien des choses. Ce corps, c’est nous, c’est notre être qui résonne à la vie et c’est dans l’amour des corps que nous racontons le mieux comment va notre être au profond et dans cette vie-là.

C’est enfin par le plaisir des sens et le partage des corps, mieux s’évader aux confins des mondes et retrouver alors, ce pour quoi nous sommes faits à l’origine : vibrer.

Nathalie Lancelin-Huin

Les accompagnements périnataux

Les accompagnements périnataux

L’aventure « virale » des accompagnements périnataux : après la PMA, les césariennes…

« Par les temps qui courent », nous savons la société humaine suspendue dans son habituelle très grande activité. Pour autant le monde et la planète ne se sont pas arrêtés entretemps, et ce fabuleux printemps florissant nous l’a largement rappelé. Ce qui fut fort enthousiasmant et enseignant, quant à ce que nous avons à faire humainement et globalement à l’avenir (si bien sûr d’aventure, nous gardons notre bon sens… terrien et biologique).

Par ailleurs, cela s’est couplé avec bien des situations douloureuses, et très pragmatiquement humaines et sociales, dans bien des registres. Elles seraient longues à lister, analyser, décrypter, mais non moins impérieuses dans leur besoin d’aide, de soutien et d’accompagnement.

Si je me centre plus particulièrement sur le domaine qui me passionne, la périnatalité, c’est qu’il y a aussi beaucoup d’enseignements à retirer à son endroit, en cette période de crise. Des enseignements reliés aux enjeux colossaux du « bien naître » (période si charnière de l’attachement et si demandeuse de sécurité physique et émotionnelle pour le couple au moment où la biologie lui passe le relais).

Des enjeux psychiques, émotionnels, existentiels, plus transparents que d’autres, car relevant de la vie intérieure et donc passant plus inaperçus car moins criants, et pourtant…

Je m’attarderai ainsi aujourd’hui sur les impacts difficiles et sensibles que les conduites sanitaires auront eu jusque-là sur les êtres concernés par le parcours vers l’enfant (quel qu’en soit le stade : à l’état de projet, ou bien avancé, ou suspendu à un traitement lui aussi suspendu, ou encore avec un bébé en route pour la terre).

Parmi ces impacts et entre autres :

  • des suivis médicaux réduits à leur strict minimum quant à la gynécologie, avec tous les aléas qui vont avec, et les craintes après-coup de ce qui n’aura pu être soutenu, diagnostiqué, traité. Des rendez-vous solos,
  • des suivis médicaux limités aux rendez-vous essentiels ponctuant les grossesses en cours et sans accompagnant (je pense là à l’un de mes patients qui craquait cette semaine, car après avoir perdu un bébé à terme il y a peu, sa femme était de nouveau enceinte, n’avait pas pu avoir de suivi appuyé en raison du Covid, et il venait d’apprendre qu’il ne serait pas autorisé à l’accompagner pour la 1ère échographie, redoutant un problème et qu’elle soit seule si jamais),
  • des suivis de PMA arrêtés et donc décalés (je l’avais déjà évoqué),
  • mais aussi des accompagnements familiaux très limités en pos-natal : avec des pères tolérés en salle de naissance mais ne pouvant pas venir en visite à  la maternité, et seulement rechercher femme et bébé lors de leur sortie,
  • et dans la même logique précautionneuse et sanitaire, des hommes encore moins acceptés au bloc chirurgical pour d’éventuelles césariennes en urgence ou programmées, avec ce que cela laissera de traces dans les mémoires de chacun (père, mère, bébé) et de trous douloureux à l’endroit d’un moment si précieux tellement rêvé, investi et pourtant envolé, voire vécu comme dérobé.
    Aussi en cette période de déconfinement progressif en tous points, pour le réseau périnatal y compris, j’avais envie de partager avec vous l’aventure d’Emilie Di Vicenzo. C’est une maman ayant vécu une césarienne en urgence il y a quelques années, journaliste de surcroît, et ayant à cœur depuis, de partager autour de cette expérience difficile. Celle-ci l’a d’ailleurs poussé à écrire un livre « un sourire au bas du ventre », auquel elle m’avait invité à participer à l’époque. La semaine passée, son site a vu le jour et j’avais envie de vous en « faire-part ».

Nathalie Lancelin-Huin