
Le suicide maternel : quand la maternité rose layette vire au noir le plus sombre : une étude qui dérange nos représentations

Une étude de Santé Publique France et de l’Inserm, parue en ce mois de janvier 2021 (6ème rapport d’enquête nationale sur les morts maternelles en France), a provoqué une déflagration dans les esprits. Il évoque en effet les morts maternelles, sujet parmi les plus sensibles.
L’hémorragie n’est ainsi plus la raison première des décès, signant là une évolution des prises en charge en per partum au fil des siècles, avec une pensée pour toutes ces femmes mortes en couches par le passé. Pourtant 50 à 100 femmes meurent encore chaque année, d’une cause liée à la grossesse, l’accouchement ou le post-partum. Et ce pour deux raisons principales : les maladies cardio-vasculaires et …. le suicide !
On ne pourra pas relier cela directement aux crises actuelles, puisque l’étude porte sur la période 2013/2015. Ce qui fait froid dans le dos, c’est que l’Inserm ajoute que « plus de la moitié des décès maternels sont considérés comme probablement ou possiblement évitables ». Elle se base en partie sur les Revues Morbidité Mortalité, faites dans le cadre de la reprise des dossiers des patientes décédées et concernées.
À l’heure où un grand nombre de tabous sociaux ou médicaux transpercent la pénombre, on nomme donc la détresse de certaines mères qui en arrivent à attenter à leur vie, mais là encore on ne va pas plus loin. Qui cela intéresse d’ailleurs, qui pour s’y consacrer vraiment et envisager les outils, les postures et les accompagnements surtout ? Parce que pour le coup, avec les crises actuelles écologiques, sanitaires, sociales et économiques des toutes dernières années, je ne crois pas que ces chiffres malheureusement baisseront. Ainsi sitôt énoncé en janvier de cette année, sitôt quasi passé sous silence puis aux oubliettes.
Alors oui, il existe déjà des professionnels en libéral, en maternité ou encore en PMI, pour en avoir conscience et y veiller, mais pas assez. Tout cela pose effectivement la question du post-natal, parent pauvre de la périnatalité, du manque de continuité anté et post-natale, et l’absence de professionnels référents s’inscrivant en perspective. Mais cela ramène aussi les réalités insuffisamment prises en compte des vulnérabilités maternelles, depuis le simple baby-blues, puis un peu plus loin les dépressions du post-partum, jusqu’à la dérangeante psychose puerpérale… et donc le suicide de certaines femmes se faisant mères.
Bien des réalités taboues, encore insuffisamment étayées, « faute » de moyens financiers et humains, mais aussi de méconnaissance voire d’ignorance des enjeux en post-natal ! Non, la maternité n’est pas que rose layette…
Nathalie Lancelin-Huin