Journée mondiale de sensibilisation au Deuil périnatal

Journée mondiale de sensibilisation au Deuil périnatal

Journée mondiale de sensibilisation au Deuil périnatal

En cette journée mondiale du 15 octobre, il est important de souligner que si cette réalité du Deuil périnatal reste taboue, elle a toutefois beaucoup évolué ces deux dernières décennies.

Sont en jeu, les réseaux sociaux qui ont beaucoup œuvré au partage du vécu des mères, anonymes ou connues. La parution de livres (témoignages parentaux ou professionnels) et la sortie de documentaires ou films, ont aussi rejoint le travail des associations spécialisées, qui existaient avant tout cela et faisaient déjà un travail important de terrain et de soutien.

Si tout avance, lentement mais assurément, il est temps d’arrêter d’utiliser le terme « faire son deuil » concernant ces chemins si sensibles et durables. C’est là un concept obsolète, même si derrière il y a la notion de processus. Les parents nous enseignent en effet que c’est l’épreuve d’une vie et  que si elle se traverse, elle reste là  « en fond d’écran » ou telle « une brique dans leur poche » … jusqu’à leur dernier souffle.

J’ai trouvé très parlant le dialogue qui suit. Il est celui d’une mère (venant de perdre son jeune enfant) avec sa propre mère (grand-mère de l’enfant décédé et ayant elle-même perdu un enfant par le passé). La jeune mère endeuillée se demande comment on peut faire pareil deuil et justement si on y arrive un jour.

Cet échange se passe au sous-sol de la maison familiale dans un moment de partage, ni anticipé, ni chargé, juste propice à une telle question :

 « – Est-ce qu’un jour ça s’en va (la douleur du manque, de la culpabilité et de la colère) ?

– Non je ne crois pas, en tout cas pas pour moi. Même après onze ans.  Mais ce que tu ressens évolue.

– Ah oui ?

– Oui curieusement. Le poids devient… A un moment donné il devient supportable. Il se transforme et toi tu arrives à le gérer pour qu’il ne t’écrase pas jusqu’à ce qu’il devienne une brique dans ta poche. Tu arrives à l’oublier parfois mais la vie te le rappelle pour une raison ou pour une autre, et ça revient. Oh oui ça revient et là c’est affreux, mais pas tout le temps. C’est dur à dire ce n’est pas quelque chose d’agréable mais c’est ce qui te reste quand tu n’as plus ton enfant. Alors tu le gardes tout le temps avec toi. C’est comme ça, ça ne s’en va pas et c’est…

– C’est quoi ?

– C’est bien…c’est bien comme ça. ». Film « Rabit hole ».

Ce n’est pas là une image, c’est une phrase que j’ai entendu un nombre incalculable de fois, avec quelques variantes de vocabulaire. Je crois profondément que c’est l’instinct de survie qui pressent cela en nous, en eux. Alors parole de psy et foi de thérapeute, arrêtons d’utiliser ce terme. Il insupporte et fait douter ceux qui traversent cette épreuve parmi les pires !

Nathalie Lancelin-Huin